La mission européenne en mer Rouge Aspides a confirmé avoir repêché six marins du vraquier « Eternity C », attaqué par les houthistes lundi 7 juillet. Le navire a sombré et plus d’une dizaine de membres d’équipage manquent encore à l’appel. Les organisations internationales s’alarment.
Après l’attaque du vraquier Eternity C dans le sud de la mer Rouge, six membres d’équipage naufragés ont été repêchés en mer, annonce la mission européenne Aspides qui coordonne la réponse internationale aux assauts houthistes de ces derniers jours.
Ce navire de 186 mètres sous pavillon du Libéria a été la cible de multiples attaques houthistes lundi 7 et mardi 8 juillet, alors qu’il se trouvait à environ 50 milles du port d’Hodeidah (Yémen). Trois marins sont décédés selon le dernier rapport de la mission Aspides, et une dizaine est encore portée disparue. L’Eternity C a perdu toute capacité de propulsion.
Naufrage du « Magic Seas » confirmé
Il s’agit de la deuxième victime des houthistes en moins de 24 heures après l’attaque du Magic Seas , également sous pavillon libérien et propriété de l’armateur grec Allseas marine. Les deux navires avaient réalisé des escales avérées en Israël. Les 22 membres d’équipage du Magic Seas ont pu fuir le navire et sont saufs, mais le vraquier a sombré, confirme la mission Aspides mercredi 9 juillet.
Les rebelles houthistes ont publié une vidéo filmée à l’aide d’un drone aérien dans laquelle on peut voir des assaillants sur le pont du navire puis le Magic Seas sombrer lentement dans la mer. Cette vidéo mise en scène par les houthistes n’a, pour l’heure, pas été authentifiée par les autorités internationales. Le porte parole des houthistes Yahya Saree a déclaré agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. Les deux navires avaient réalisé des escales ces derniers mois dans les ports israéliens. Le porte-parole des houthistes a affirmé que l’Eternity C était en route vers Eilat, au sud d’Israël, bien que son AIS déclarait port Saïd (Égypte) comme destination.
Une « violation du droit international »
"Après plusieurs mois de calme, la reprise d’attaques déplorables en mer Rouge constitue une nouvelle violation du droit international et de la liberté de navigation, a déclaré le secrétaire général de l’Organisation maritime internationale (OMI) Arsenio Dominguez. Les gens de mer innocents et les populations locales sont les principales victimes de ces attaques et de la pollution qu’elles entraînent."
Il a réaffirmé l’engagement de l’OMI à impliquer toutes les parties susceptibles de contribuer à l’atténuation de ces menaces et incite les États "à redoubler d’efforts, car le seul moyen de résoudre ces conflits géopolitiques qui affectent le secteur du transport maritime est d’instaurer un dialogue constructif".
Mort de marins innocents
Dans un communiqué commun, les grandes organisations mondiales d’armateurs (International chamber of shipping, Bimco, ECSA, Intercargo et Intertanko) dénoncent le fait que les deux navires "ont été attaqués avec un mépris total pour la vie de marins civils innocents et, conséquence inévitable mais terrible, (que) des marins ont été tués."
Les armateurs disent "s’associer au secrétaire général de l’OMI pour dénoncer ces attaques et appellent toutes les parties prenantes à garantir la sécurité des marins civils innocents qui empruntent cette voie navigable vitale, transportant les denrées alimentaires, les biens et l’énergie dont dépend l’économie mondiale. Cette tragédie souligne la nécessité pour les nations de maintenir un soutien solide à la protection du transport maritime et des voies maritimes vitales. Nous demandons instamment que les normes internationales de liberté de navigation et le caractère sacré de la vie humaine soient reconnus, respectés et défendus."