Nouvelles attaques en mer Rouge alors que l’UE annonce sa mission de protection du trafic maritime

Rédigé le 20/02/2024


« L’Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux », a écrit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur X.

Le transport maritime dans les eaux stratégiques de la mer Rouge et du golfe d’Aden a été une nouvelle fois la cible d’attaques lundi 19 février, alors que l’Union européenne (UE) a annoncé le lancement de sa propre mission de protection de la navigation dans la région.

Les rebelles houthistes, qui contrôlent de vastes territoires du Yémen, y mènent depuis novembre des attaques contre des navires, en disant agir en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza, où Israël mène une guerre sanglante contre le Hamas en représailles contre l’attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien.

Face aux attaques houthistes, les Etats-Unis ont mis en place en décembre une force multinationale de protection maritime en mer Rouge, baptisée Prosperity Guardian, tandis que l’Union européenne a annoncé lundi le lancement officiel d’une mission similaire. « L’Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux », a écrit la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sur X.

Depuis janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes répétées sur des cibles houthistes au Yémen sans parvenir à mettre fin aux attaques, leur dernière frappe ayant eu lieu samedi. Lundi encore, de nouvelles attaques ont donc été signalées. Les houthistes, soutenus par l’Iran, ont pris pour cible « un navire britannique dans le golfe d’Aden, le Rubymar, avec des missiles navals », selon un communiqué du porte-parole militaire des houthistes, Yahya Saree.

La société de sécurité maritime Ambrey a signalé l’attaque d’un « vraquier battant pavillon bélizien, immatriculé au Royaume-Uni et exploité par le Liban » dans le détroit de Bab-El-Mandeb, qui relie la mer Rouge au golfe d’Aden. Le navire se dirigeait vers le nord, après avoir contourné la péninsule Arabique depuis les Emirats arabes unis, et avait pour destination finale la ville bulgare de Varna.

L’agence de sécurité maritime UKMTO, dirigée par la marine britannique, a affirmé qu’un navire se trouvant à 35 milles nautiques (65 kilomètres) du port yéménite de Mokha avait signalé « une explosion à proximité qui a causé des dommages ». Elle a précisé plus tard que l’équipage avait évacué le bateau et était sain et sauf.

Les houthistes ont également dit avoir abattu un avion américain MQ-9, affirmation à laquelle Washington n’a pas encore répondu. Lundi, Ambrey a d’autre part rapporté qu’un vraquier américain battant pavillon grec avait signalé avoir subi une « attaque de missiles » avant qu’un autre projectile ne touche l’eau à 10 à 15 mètres du navire. Aucun blessé ni dégât n’a été signalé, et le navire poursuit sa route vers Aden.

UKMTO a pour sa part fait savoir que cet autre cargo avait signalé « une explosion à proximité immédiate du navire », avant une seconde en plein air également près du bateau, causant des dégâts superficiels. Cette attaque n’a jusque-là pas été revendiquée.


La France prête à mobiliser l’une de ses frégates, déjà présente en mer Rouge

A Bruxelles, l’UE a officiellement lancé l’opération militaire navale Aspides (« bouclier » en grec ancien), dont la mission est prévue pour une durée d’un an, éventuellement renouvelable. Elle ne devrait pas être totalement opérationnelle avant « quelques semaines », quand elle disposera de ressources suffisantes, selon un diplomate européen.

La frégate allemande Hessen est partie le 8 février, en direction de la mer Rouge. Elle sera en état d’alerte permanent et pourra répondre à d’éventuelles attaques avec des missiles, drones et « bateaux kamikazes » télécommandés. La Belgique a, elle, annoncé son intention d’envoyer sa frégate Louise-Marie. La France s’est pour sa part dite prête à mobiliser l’une de ses frégates, déjà présente en mer Rouge.

Les Vingt-Sept se sont mis d’accord dès janvier sur le principe d’une mission de surveillance et de patrouille maritime en mer Rouge, à condition toutefois que son mandat soit purement défensif. Elle pourra ainsi faire feu pour défendre les navires marchands ou se défendre elle-même, mais ne pourra pas viser des positions terrestres des rebelles houthistes au Yémen, selon des diplomates.

Plusieurs pays ont fait part de leur intention de participer à cette mission, notamment la Belgique, l’Italie, l’Allemagne et la France. L’Espagne a annoncé qu’elle n’y participerait pas.

 

Les revenus du canal de Suez ont « baissé de 40 à 50 % »

Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a par ailleurs annoncé lundi que les revenus du canal de Suez, l’une des principales rentrées en devises du pays, avaient « baissé de 40 à 50 % » depuis le début de l’année, à la suite des attaques des houthistes. Ces derniers ont poussé de nombreux armateurs à contourner l’Afrique et à suspendre les transits par la mer Rouge et le canal de Suez, par où passe habituellement 12 à 15 % du trafic mondial, selon l’UE.

« Vous voyez ce qui se passe à nos frontières (…) avec Gaza, vous voyez le canal de Suez qui rapportait à l’Egypte près de 10 milliards de dollars par an : [ces revenus] ont baissé de 40 à 50 % et l’Egypte doit continuer à payer des entreprises et des partenaires », a déclaré M. Al-Sissi lors d’une conférence aux côtés de représentants de compagnies pétrolières.

Dans le pays, qui traverse la pire crise économique de son histoire, les revenus du canal sont aussi surveillés que ceux du tourisme et que les envois d’argent de la diaspora égyptienne.

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